WARUM JOE
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CHRONIQUE DE "LA METHODE DU DISCOURS"
M. Feld

Warum Joe est le seul parmi les groupes punks français en vue à pouvoir être taxé de subtilité. Une inspiration indéniablement malicieuse, Pascal manie le verbe cynique noir au possible, sur des petites évocations du genre Lee Harvey Oswald (L.H.O.), pochette tirée de "Gun Crazy"... Warum Joe avait réactivé bien avant la lettre le son Métal Urbain, rythmique/boite à rythmes tronçonneuse, un style résolument offensif. Ici, depuis "toccare la verita", les guitares incisives sont souvent relayées par un synthé lourd qui sonne plutôt cheap, un peu dommage à mon goût.

 

CHRONIQUE DE "LA METHODE DU DISCOURS"

Der Franzose spielt am verantwortungslosesten mit fremden Kulturen: er akzeptiert Pop-Musiken immer in dem Maße, wie gut man sich dazu anziehen kann, insofern hat er Pop am besten verstanden, oder anders: der 82er Zustand ist ihm ganz natürlich, er braucht ihn sich nicht erst als Philosophie beizubringen wie so vieles andere.
Andererseits: der Engländer verkleidet sich gerne, der Franzose zieht sich nur gern bunt an. (Der Deutsche zeigt sich wie er ist. Dafür haßte Nietzsche ihn. Was der Franzose Nietzsche bis heute dankt). Und drittens haben die Franzosen das paradoxerweise beste, DAS BESTE, Label für unpoppige, amerikanische Acid-Greise-und-andere-Genies-Musik der Welt, nämlich New Rose. Warum Joe drucken ein sehr bekanntes Bild aus dem weniger bekannten Film „Gun Crazy" (Film noir!) auf ihr Cover und erwähnen in ihren mir nur schwer verständlichen Texten viele bedeutsame Dinge wie "Krupp", "Kaboul", "L'esthétique", "Varsovie", "Vaterland" und "Lee Harvey Oswald". Dazu dreschen sie flink und ohne Umwege auf trockene Gitarren, die diese hübsch-bunten Melodien spielen. Es wäre Punk, wenn da nicht diese Beharrlichkeit wäre, schmucklose Arrangements, attraktive Melodien und „Discours", als Gegensätze gedacht, zu verbinden. Rätselhaft: schön

 

CHRONIQUE DE "LA METHODE DU DISCOURS"
Claude Dis

C'est le quatrième album de ce groupe au nom incontournable, comme on dit, et on aimerait qu'il sorte un peu des marges dans lesquelles il s'aiguise depuis six ans. Car ce qu'ils font est bien: ça pourrait s'appeler l'électro-punk, une espèce de Bérurier noir dessaoulé, contenu, distancié, marbré de rages froides. La boite à rythmes fait le ménage par devant, martelant des textes énoncés comme un perpetuum mobile: pas facile d'entrer dans ces petits poèmes en prose glacée uniformément servis, litanie de titres évoquant le sommaire d'un journal télévisé (Causa Nostra, Les Dents de l'a¬mer, Sévice compris, Kriegspiel, Loto critique, Vaterland). Warum Joe a le sens de la mise en scène, du drame moderne; un discours af¬fûté avec méthode, qui singe le vide ambiant pour mieux s'y faire entendre; c'est efficace et beau.

 

CHRONIQUE DE "LA METHODE DU DISCOURS"
Ralph Traitor

ABOUT FIVE years ago, Warum Joe released their debut album, a running more that impacted painful guitar and primitive synthesiser with random machine sounds. It was remarkable, both because the group were only about 16 at the time and because its power and latent potential rivalled most similar efforts of the day for penetration and presentation. It was truly a garage sound for the '80s.
1987 sees Warum Joe older and softer, looking us in the eye and laughing instead of spitting and gnashing their teeth. The transformation is intriguing and — for those willing to endure their verbose French polemic — it points to new experiments that are bound to be just as captivating. Far from alienating the listener, their French lyrics merely reinforce one's attention, concentrating it wholly on the jolly pop approach the boys favour in their young adulthood.
Produced by Eric Debris, whose Métal Urbain once pioneered the garage-synth sound, Warum Joe contentedly rattle off catchy electropop.
They occasionally mess with their theme for effect; on 'Smell The WASP', for example, where a stately refrain rides atop the characteristic guitar and keyboards, suffusing the song with a reluctant warmth. 'Fulminate' is almost as purposefully melodic as a Ramones filler, a radical departure from the metallic contortions of yore that encouraged a grim respect and fond revulsion.
Warum Joe 1987 is a new proposition, one overdue for recognition here. For a taste of Disco Europa, where the lights have all popped, go no further.

POURQUOI JOE
Frère Agile

Ce soir là chez Warum Joe ce n'était pas la beuverie aveugle et sans raisons; l'on fêtait une cinquantième : la cinquantième chanson gravée par le groupe sur un bout de vinyl, une cinquantième façon d'exister, pour un big band souterrain qui a enregistré autant de titres que Jimi Hendrix mort, des simples, des maxis, des trente... un défi permanent aux peaufineurs de maquettes et accros du 80 pistes, une démarche peu raisonnable qui est pourtant salutaire, quand on sait que les lois du bizz-bizz obligent à fabriquer des hits et seulement des hits; sous peine de confiscation des instruments et radiation à vie de l'ordre des musiciens, La devise de Warum Joe est simpliste et fait plaisir à entendre -"Quand un titre sort de la répétition ou même de notre imagination, il faut qu'on le sorte sur disque"- trop de laborieux et de végéteurs de la chose qu'ils appellent encore rock ont oublié que l'enregistrement d'une chanson pouvait être un plaisir. D'ailleurs, l'existence et le futur de Warum Joe ne dépend que de cela. "Warum Joe", disent-ils, "existera tant que l'on aura le matériel et les moyens d'enregistrer... les concerts, on ne peut pas dire qu'ils soient notre motivation principale; on aime vraiment en donner mais on ne cherche pas vraiment à en faire".

Warum Joe, groupe historique (un groupe qui six ans d'existence et cinquante titres pressés est obligatoirement un groupe historique). Warum Joe est un pur produit de ce qu'a pu être la "punk way of life" à Paris en 1978/79, (bien que le mot pur colle assez mal au terme punk), après-midi de bière et de glandes aux Halles, toutes ces sortes de clichés et de tue-l'ennui obligatoires à l'époque; certains ne s'en sont jamais remis, d'autres ont acheté des guitares. Warum Joe (qui s'est d'abord appelé Action Joe) a préféré la solution du bruit que l'on fait dans une cave et des paroles que l'on écrit en se levant tous les matins du pied gauche; la haine qui dérangeait les passants, dérange maintenant les voisins... c'est l'histoire de tous vos groupes favoris. La différence avec les Pistols de votre quartier, c'est que Warum Joe, ainsi baptisé, a eu tout de suite de la chance, enregistrant très vite (et vite) un premier maxi; entrée en matière évidemment violente et sans retenues, hargne qui est la principale raison de votre premier disque, des paroles moins calculées que celles du soi-disant chantre de la rage adolescente de l'époque (ce bon-Bonvoisin, il est maintenant moins connu que Warum Joe) et l'originalité qu'ils revendiquent toujours avec fierté.

les Warum Joe jouent bien trop vite pour s'encombrer d'un batteur idiot; Warum Joe, c'est quelques furieux enrichis d'une boîte à rythmes. Ils imposent dès leur premier 45 t., un son et une idée; jamais plus ils ne vont en démordre mais toujours ils vont mordre.

"Tanzen", "Le goût...", "Toccare la Verita" autant de plastiquages sur plastique, autant de coups de griffes (qui est leur griffe), tout un parcours de combattants sur vinyl fait sans peur et sans reproche; leurs disques sont toujours un assemblage réussi de petits morceaux nerveux et piquants, à la manière du premier album de Wire qu'ils vénèrent. Hais leur boucan se fait toujours sans cancans; quittant rarement leurs banlieues, restant assez imperméables aux influences venues d'ailleurs, les Ramones, Buzzcocks, Wire, les premiers Bowie et Roxy, voilà leurs passions; jamais ils n'iront chercher dans l'air radiophonique du temps un brin de concession et de polissage : ils ont donné leur ton dès leur premier coup de gueule, ils n'ont aucune envie de ralentir le rythme de leur machine à décrire, Warum Joe existe d'abord pour lui-même. Douze exemples fiévreux de ce qu’a toujours été Warum Joe, douze raisons de penser que leur "Speed not Dead" est toujours de ce bas-monde; voici leur nouvel album, qu'ils disent plus pop que les précédents, parce qu'ils y ont collé quelques lignes mélodiques au synthé. La pierre est lancée : dès le premier titre "L.H.O", l'on sait que Wire n'est pas tombé dans les oubliettes et que leurs trouvailles mélodiques ont heureusement fait école, que les Warum Joe sont de bons élèves, les morceaux de l'album défilent dans un même sale esprit : mélodies fielleuses du malheur, comptines amères sur charbons ardents, tout est fait de ce moule à souvenirs qui donna les Buzzcocks angoissés et les Ramones avec un demi sucre; punk mélodique si l'on veut, crachats enrobés de vraies musiques : ce disque est un incendie habilement maîtrisé. Leur moulin à paroles n'est pas non plus celui des inepties et des slogans faciles; il y a subtilité dans leurs dires et dans leur langage, des phrases comme "qu'as-tu fait du style/ et du fiel débordant du vinyl" ne sont pas les mots habituels des rebelles sans matière, la banalité est contournée et c'est heureux. Il y a quelque chose d'exemplaire dans leur combat rock et leur force tranquille; de l'intégrité et de la conscience presque professionnelle.

 

CHRONIQUE DE "LA METHODE DU DISCOURS"
Emmanuelle Debaussart

Warum Joe fait figure de laissé-pour-compte dans le mouvement qui mit à l'honneur des groupes phares comme les Bérus ou Ludwig. Inexplicable. Ils n'ont pourtant rien à envier à leurs petits camarades : ni l'inspiration, ni l'énergie, ni le sens de l'humour indispensable. Déjà trois 45 à leur actif (deux maxis, un en 81 et un en 82, un mini en 83). un premier album en 84 et le deuxième aujourd'hui. 10 morceaux enregistrés en une semaine, mixés en 48 h. Ils conservent la même ligne directrice mais le son s'affine, moins agressif, plus harmonieux. La recette: une boîte à rythmes plus performante, moins de guitare et plus de synthés. Le résultat: un album plus mûr, achevé, qui ne pèche que par un mauvais dosage voix/instruments. Rien n'est parfait! A la première écoute impossible de discerner les paroles. L'oreille s'égare au point de saisir "tous à l'asile !" là où il n'était question que de "tout ça, ma fille...". La structure des morceaux ne facilite pas la chose, d'accord, ça rime, mais ça ressemble plus à des petites nouvelles qu'à de banales chansons. Il y a celle du Russe privé de boisson, celle du journaliste qui aimerait qu'on n'oublie pas qu'il est retenu en otage, celle sur la cohabitation,...etc. Bien d'actualité, mais pas militant : un regard, des observations, une petite histoire. Pas de refrain, donc pas de phrase répétitive qui finit par se graver dans un coin de l'esprit, donc pas d'écoute passive ! Pas de lecture passive non plus s'il vous prend l'envie de suivre sur la pochette : les mots sont hachés, les phrases démembrées, les marques du pluriel isolées sans vergogne. Halte à la vivisection ! Mais enfin c'est la méthode du discours selon Warum Joe et Descartes n'a qu'à bien se tenir.

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